Newsletter - Toulouse DataViz #31

Le mot d'introduction

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Bonjour à toutes et à tous ! Voici la huitième et dernière newsletter de l'année 2023. Nous sommes heureux d'avoir tenu le rythme de nos publications et nous espérons que vous les appréciez toujours autant à la lire.

Nous avons une nouvelle à vous annoncer : Christophe Bontemps, un des membres fondateurs de TDV, s'est envolé pour le Japon où il va partager son expertise en dataviz. Il ne nous oublie pas pour autant et il nous fera part de ses découvertes et de ses impressions dans son billet "dataviz du Japon".

Toute l’équipe TDV vous remercie pour votre fidélité et vous souhaite de joyeuses fêtes.

Data activisme - le travail de Karim Douieb.

En septembre 2019, en plein débat autour de la destitution du président Donald Trump, ce dernier défie ses détracteurs en employant une carte choroplèthe qui sera par la suite massivement partagée par ses supporters. La carte intitulée “Try to impeach this” (”Essayez de destituer ça”) montre en rouge les états américains ayant en majorité voté pour lui lors des élections de 2016 et en bleu, ceux qui ont choisi Hillary Clinton.

Karim Douieb a relevé le défi en produisant une dataviz qui a fait le tour du monde : en prenant en compte la population des villes, la perception est tout autre.

Malgré cela, “Try to impeach this” continue d'être utilisée par ses partisans et s’affiche même sur des teeshirts. Ce qui nous amène à réfléchir sur la puissance de certaines dataviz inexactes, mais puissantes dans l’émotion.

Carte de densité de population de la ville de Bruxelles. Chaque point correspond à une personne. Chaque couleur représente une communauté. Pour voir la réalisation et l’histoire qu’elle raconte : ici

Brussels - A lovely melting-pot

A data visualization essay about Brussels and its diversity.

https://brussels-diversity.jetpack.ai/

La beauté des données pour changer le monde | Karim Douieb | TEDxBrussels

Grace à ses visualisations de données, Karim Douieb rend accessible des phénomènes complexes mais quantifiés grâce à de la data. Son travail permet de transformer les sociétés qu'il représente. Karim Douieb is one of the founders of Jetpack.AI (a full stack data science company based in Brussels). He holds a Phd in computer science from ULB. In addition to his work with Jetpack.AI, Karim is also deeply involved in the world of data journalism. He is passionate about using data to tell compelling stories and is constantly seeking new ways to make data more accessible and engaging for audiences. This talk was given at a TEDx event using the TED conference format but independently organized by a local community. Learn more at https://www.ted.com/tedx

https://www.youtube.com/watch?v=xOqewtD5BhY

L’histoire de Karim Douieb avec Donald Trump ne s’arrête pas à cette carte électorale. Suite aux attentats de l’année 2015 en France et Belgique, la Belgique est qualifiée par certains médias de “plaque tournante” du terrorisme, le pays comptant, en Europe. Le plus grand nombre de personnes parties combattre en Syrie ou en Irak, proportionnellement à sa population. Il n’en faut pas plus au président américain pour qualifier Bruxelles, la vie natale, de Karim Douieb de “trou à rats”.

Karim s’est alors mis au travail pour produire cette magnifique réalisation qui déconstruit ces préjugés en analysant les différentes populations qui composent la ville tout en mettant l’accent sur les enjeux liés à l’intégration de certaines communautés.

Voir son TED talk réalisé à Bruxelles en début d’année, son interview sur “Kingkong mag” et bien sûr, ses réalisations sur observablehq.

Pays préparés aux changements climatiques ?

Le Notre Dame Global Adaptation Index (ND-GAIN) est un projet publié tous les ans par l'université de Notre Dame d’Indiana aux États-Unis. Cet indice permet de quantifier la vulnérabilité de 182 pays aux changements climatiques. Il évalue également la préparation (readiness) de ces pays en mesurant leurs capacités à mobiliser des investissements du secteur privé et public pour s’adapter à ces changements. Cet indice vise à identifier et à prioriser les mesures à prendre.

Sur son site, l’université de notre Dame nous propose une visualisation sous la forme d’un quadrant de nuage de points. Ce quadrant permet de comparer la résilience des pays aux changements climatiques. L'axe vertical représente le score de vulnérabilité et l'axe horizontal représente le score de préparation.

Cette visualisation interactive n’est malheureusement pas très lisible de prime abord : c’est un nuage de point gris posé sur un quadrant. Nous devons survoler ou rechercher un pays en particulier pour le mettre en évidence. Il est ensuite possible de suivre son évolution temporelle depuis 2002.

David Wendler, désigneur en chef chez DataWrapper, a eu l’idée d’améliorer cette dataviz en y ajoutant deux changements principaux :

Amélioration de l’esthétisme et la lisibilité de la dataviz grâce à l’utilisation d’un code couleur et l’affichage de certains pays

Ajout d’une nouvelle dimension “les émissions de CO2 par habitant” de chaque pays, représentée par la taille du carré de chaque pays.

Graphique original proposé par l’université de Notre Dame d’Indiana
Ici la France, Brésil et Soudan sont sélectionnés. Source — Graphique original proposé par l’université de Notre Dame d’Indiana Ici la France, Brésil et Soudan sont sélectionnés. Source

La réalisation de David Wendler : certains pays clés mis en évidence et le rajout de l’émission de CO2/habitant

Grâce à cette nouvelle dimension, nous nous rendons compte que les pays les moins émetteurs de gaz à effet de serre (par habitant) sont paradoxalement les plus vulnérables aux risques du réchauffement climatique : une dataviz impactante qui incite à la réflexion.

David nous explique en détail sa méthodologie dans cet article. Il est possible de reproduire ces dataviz sur python et datawrapper.

La dataviz pour transmettre des émotions !

Les guerres sont souvent source d’atrocités et les dataviz sont devenues un outil pour mieux transmettre les émotions de ces évènements. Récemment, le conflit israélio-palestinien en est un parfait exemple.

Dans les dataviz que l’on retrouve, nous avons des diagrammes à barre avec sur le nombre de morts et/ou de blessés. Ici, nous avons choisi de vous montrer la visualisation de Statista (sur les décès et blessé) et de Visualizing Palestine (sur les décès uniquement). Le premier utilisant des barres horizontales tandis que le second utilise des barres verticales. Bien que les deux utilisent des sources de données différentes (que nous ne discuterons pas ici) le choix des présentations de données n’est pas anodin. En effet, le graphique de VisualizingPalestine utilise des barres verticales inversées avec une couleur rouge pour mieux symboliser le sang qui coule. L’effet est frappant, mais les auteurs n’appliquent cet effet que pour l’un des protagonistes ! Effet que nous ne retrouvons pas dans la visualisation proposée par statistica qui est plus neutre à cet égard.

Ainsi, ce genre de visualisation se retrouve de plus en plus auprès du grand public. Par exemple, la visualisation montrée par Bassem Youssef (un humoriste égyptien) lors d’une interview télévisée (vues par plus de 21 millions de personnes sur Youtube). Il utilise sa visualisation pour pointer la disproportionnalité du nombre de victimes entre Palestiniens et les Israéliens sur la longueur de leur conflit. Ainsi, il a utilisé une dataviz semblable à celle de statistica pour appuyer ses propos et provoqué une émotion forte auprès de l’auditoire. Malheureusement, nous n'avons pas retrouvé la dataviz en question (qui est difficilement lisible sur la vidéo).

Morts et blessées du conflit israélo-palestinien entre 2008 et 2020. Source statista

Morts du conflit israélo-palestinien entre 1988 et 2018. Source VisualizingPalestine — Morts du conflit israélo-palestinien entre **1988 et 2018.** Source VisualizingPalestine

Bassem Youssef utilise une dataviz pour appuyer ses propos. source

Néanmoins, il n’y a pas que les diagrammes en barres pour évoquer le nombre de morts liés à un évènement tragique. Prenons pour exemple le NYT qui, le 21 février 2021, faisait sa ‘une” en représentant les 500 000 premiers morts de la COVID sous la forme d’un nuage de points où chaque point représente un individu mort de cette maladie. Cette visualisation, très forte émotionnellement, nous amène à prendre conscience que derrière ce chiffre statistique froid se cache la réalité tragique de plusieurs vies humaines perdues.

Plus récemment, cette même approche a été utilisée pour faire prendre conscience de la réalité des enfants morts dans la bande de Gaza.

Le NYT time du 21 février 2021. Les 500 000 premiers morts de la COVID aux USA.

“Publicité de l’Arab American Association of New York “ publiée en page 4 de l’édition du 27 octobre 2023.

Le billet dataviz du Japon

Quelques nouvelles de ce côté du Monde – les Japonais disent “le début du monde” vu que le soleil s’y lève bien plus tôt que presque partout ailleurs. La dataviz a, comme partout, des progrès à faire.

Le pays, considéré comme une puissance technologique où les robots sont légion, étonne souvent par l’indigence et l’ergonomie de certains sites web. Il est, par exemple, recommandé pour préserver un semblant de santé mentale, de réserver son billet de train sur l'une des nombreuses machines automatiques disposées dans les gares, plutôt que d’essayer de réserver en ligne. J’ai réussi ce miracle une fois, mais il m’a fallu ensuite passer par un guichet, le jour de mon départ, pour obtenir un billet papier.

Le site de réservation de billet de train, un concurrent sérieux à notre sncf-connect

Côté datavisualisation, même constat : examinons la carte météo de la principale chaîne de télé: NHK Alors voilà, il s’agit d’une belle carte en trois dimensions du Japon où le niveau de précipitations est représenté par un petit pavé en hauteur et en couleur. La position des pavés ne permet absolument pas d’avoir une information pratique dès que l’on s’éloigne de l’archipel principal pour rejoindre les îles plus méridionales. Outre l’étrange absence de distorsion des hauteurs normalement due à la perspective, le phénomène d’occultation des barres rend la lecture assez pénible. Bref, ce n'est vraiment pas très bon comme carte !

Pour le folklore, une petite carte des couleurs des feuilles des érables, car - on le sait moins que pour la floraison des cerisiers - les Japonais se passionnent pour ces couleurs automnales…

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